Tant que mes yeux pourront larmes espandre,
A l'heur passé avec toi regretter:
Et qu'aus sanglots et soupirs resister
Pourra ma voix, et un peu faire entendre:Tant que ma main pourra les cordes tendre
Du mignart Lut, pour tes graces chanter:
Tant que l'esprit se voudra contenter
De ne rien vouloir rien fors que toy comprendre:Je ne souhaite encore point mourir.
Mais quand mes yeus je sentiray tarir,
Ma voix cassée, et ma main impuissante,Et mon esprit en ce mortel séjour
Me pouvant plus montrer signe d'amante:
Prirey la Mort noircir mon plus cler jour.
Louise Labe (1526?-1566)